Saisir l’insoutenable beauté d’un monde en ruine.

Viser la délicatesse du chaos,
recueillir le charme des tumultes urbains,
implorer la grâce tourmentée comme autant de réservoirs d’impressions visuelles.
Soumis joyeusement aux aléas de l’errance,
glorifier les trajets épars,
courtiser les prospections diffuses,
se targuer de désirs assoiffés d’inconnu.
S’égarer heureusement,
recevoir les assauts du temps,
les hasards des lieux,
ouvrir la profondeur des champs du possible.
Avide d’images pléthoriques,
prendre de vitesse la lumière,
l’immortaliser,
sans une ombre.
Est-ce là une semblance vampirique ?
Au-devant du regard,
se dessinent alors autant d’espaces où l’on s’offre mille raisons avouées de dérouter,
d’éclater les repères dans une liberté toute singulière.
Ô splendeur d’une convergence providentielle !
Dès lors, à l’orée du cadre,
fuir les symétries au point de distendre les limites jusqu’à l’aberration.
Trame tonale irrégulière offerte à la synthèse des sens,
points de bascule en suspens dans une microtopographie à l’étroit,
fulgurances diaphanes telle une fantaisie poétique de la désolation.
Les choses photographiées garderont-elle la trace de mes pas ?
Qu’importe ! Ne rien laisser hors d’atteinte.
S’ébranler.
Pister au fond de soi un tracé sinueux,
une fiction du monde offerte à notre perception.
Sonder nos contre-jours.
Et à jamais,
laisser la lumière guider nos pas.

Veiller au grain des choses.

Malik Choukrane

No Comments