Prague – Tchéquie 2020
NICOLAS DIRICQ
Des fragments, des extraits, des résidus de nous
On en donne, on nous en vole, on en répand partout
Là où l’on passe, où l’on traîne, où l’on habite, où l’on s’égare
Tous ces lieux que l’on a foulés en sont les témoins, quelque part
Il y a ces parts de nous que l’on offre en présents
Pour célébrer des unions, des liens, des événements
Parfois, on va chercher loin quitte à sortir le grand jeu
Parfois, rien que pour le geste, on meuble avec ce qu’on peut
Il y a ces parts de nous qui s’effritent comme des peaux mortes
Comme une mue qui s’opère, une métamorphose, en sorte
Qui nous pare autrement pour mieux surmonter un coup dur
Nous alléger d’un surplus en vue de prochaines aventures
Il y a ces parts de mémoire bien imprimées dans nos neurones
D’instants incontournables qui nous font redevenir mômes
Des tas de moments qui se greffent, alors que d’autres se meurent
Plus de prénoms qui se rajoutent, puis, les prémices d’Alzheimer.
Il y a ces parts de nous, qu’on arrache, qu’on démembre
Des pièces maîtresses, vitales, au combien importantes
Des personnes qui se tirent pour un bien, pour un pire
Qui restent omniprésentes, tatouées par nos souvenirs
Il y a ces parts de nous que l’on diffuse dans l’air
Puis, certaines parts de nous qui s’exprimeront dans l’art
Qu’on viendra révéler, réveiller comme de l’or qui dort
Teintées de maux, d’écrits, de nuances de cris insonores
Il y a ces fêlures qui résultent de trop de temps passé seuls
Qui nous déplument un peu les ailes, grignotent des pièces du puzzle
On cherche à récupérer celles qui nous creusent comme un manque
Des fois, au hasard d’une rencontre, on les comble, on les réinvente
Il y a ces parts de nous, qu’on a dédiées à un amour
Pour le nourrir, l’alimenter de plaisirs qui se savourent
Des choses qui resteront en elle, des parts d’elle que tu garderas
Des lueurs pourtant si réelles qu’à la longue, le temps te volera
Il y a ces parts de nous, exprimées à l’état liquide
Celles qui font déborder le vase et celles qui nous désinhibent
Sans compter, celle qui s’expulse, emménage chez ta partenaire
Pour venir y squatter 9 mois avant d’apparaître de chair
On a des parts d’âmes dévoilées qui auraient pu être vendues
On a des rêves qui se sont barrés, qu’on n’a pas assez défendus
Il y a l’armure semblant intacte, pourtant rouillée, maintes fois fendue
Il y a l’allure, la carapace jugée sur des malentendus
Des extraits, des fragments, des résidus de nous
Nous morcellent, nous complexent, quittent nos corps ou nous trouent
Nous voudrions être accomplis, être faits d’un seul bloc, être entiers…
Acceptons notre part incomprise, car au fond, nous sommes incomplets.
01 05 20, Nicolas Diricq alias Serial Dreamer
slameur
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