AVIGNON – la finale – 2006

Dans les lieux habituellement dédiés à la rencontre, le temps a suspendu son cours. Plus question d’affaires ou de séduction : la rue et le troquet détournent leur curiosité de l’autre, pressé ou simple chaland.
Une humanité s’est réunie, offrant son dos ou sa nuque pour mieux donner corps à l’anonymat. On cesse d’échafauder des plans, de parer à toute éventualité, d’assurer ses arrières. Le « je » s’efface au profit du « on ».
Ah la chaleur, la prière, la ferveur du « on » … S’agglutinant autour de cette identité partagée, les corps adoptent des postures déhanchées et s’offrent sans malice, absorbés qu’ils sont par ce seul rectangle de lumière crue se répétant à l’envi comme pour réactualiser quelque mythe originel. Foule concentrée, attentive, recueillie, si ce n’est quelques dissidents – il en faut. Un ange court avertir, dieu sait qui, sur son portable : ce soir il y aura un sacrifice. Ainsi en est-il !
Paul Jonas

09 juillet 2006. Ce soir-là, je suis en Avignon. Les théâtres ont annulés leurs spectacles respectifs. Seul dans mon appartement, je décide, à ma façon, de participer au rituel collectif. Ce travail est un billet d’humeur, un coup franc porté à la communion footballistique, un carton jaune levé devant le temple
de la célébration cathodique.
MC