Palazzo Adriano – Sicile 2017

PAUL JONAS

Le champ se demande pourquoi
tant de rage dans la bataille
Mais, sans elle, pas d’avenir
pour les promesses du ventre
Tonnerre, mamelles hurlantes,
Craquements des cuirs qui se brisent aux jointures,
Exhalant des soupirs
vaporeux, à la tige des mots.

La colline pose son œil exorbité sur mes flancs.
Mes bras accueillent son encolure moussue et
J’égraine sa crinière de lumière.
L’odeur âcre du vivant emplit mes naseaux.

L’Aigle se tient au-dehors,
Son front de plumes têtues s’enquiert
Derrière la baie vitrée.
Son coup de clairon gargantuesque l’ébouriffe à intervalle,
Il se coule dans le labyrinthe des non-dits,
Dans le brouhaha du monde blanc,
Dans le concert des gorges racleuses,
A l’affut du petit cri si discret comme
de l’appel plaintif qui désole
puis très vite insupporte.
De cela l’Aigle est friand.

Le temps,
se résume à l’attente de la vrillance suivante,
Fulgurance métronomique,
Parfois si courte que l’éternité entre chacune
se refuse à tout étal
Je le sais, j’ai essayé.

L’Aigle a le temps
Et l’intervalle entre chacune de ses ébouriffades criardes
vous a un de ses parfums d’éternité qui ravirait un maître nez.

Pétrissant le levain de terre qui croquera sous la dent,
Des milliers, des milliers de grosses pattes,
Sabots de forge poilus,
Sont venus pour la cavalcade.

« Monsieur, …Je pique, ils aiment ça les médecins, les prises de sang sur frissons ! »
Juste avant, j’avais pressé le bouton rouge.
Les feuilles du tremble m’avaient tout entier parcouru.

Mon dos de roches crues s’ancre et s’arc-boute
Aux tréfonds, l’étalon s’est redressé, l’écume
Reste en suspens sur les échines
Et puis s’élance
D’abord, l’émoi de la charge pétarade sous la croûte
Et puis déboule le roulement,
La sagesse tonitrue
Elle me choque électrique, me met en réseau d’étoiles racines !
Ah ! pour nettoyer, ça nettoie !

Et je m’enfonce dans tes yeux noisettes
Tout à l’heure, tu me relèveras                                                   
Droit comme un i

20 04 20, Paul Jonas
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